Le millionième de dissemblable

Le millionième de dissemblable

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Textes d'auteurs

23 Jan 21

L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera

Tomas, qui pendant les dix dernières années de son activité médicale s’était occupé exclusivement du cerveau humain, savait qu’il n’est rien de plus difficile à saisir que le « moi ». Entre Hitler et Einstein, entre Brejnev et Soljenitsyne, il y a beaucoup plus de ressemblances que de différences. Si on pouvait l’exprimer arithmétiquement, il y a entre eux un millionième de dissemblable et neuf cent quatre-vingt-dix-neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf millionièmes de semblable.
[...]
Que cherchait-il chez toutes ses femmes? Qu’est-ce qui l’attirait chez elles? L’amour physique n’est-il pas l’éternelle répétition du même?
Nullement. Il reste toujours un petit pourcentage d’inimaginable. Quand il voyait une femme tout habillée, il pouvait évidemment s’imaginer plus ou moins comment elle serait une fois nue(…), mais entre l’approximation de l’idée et la précision de la réalité, il subsistait une petite lacune d’inimaginable, et c’était cette lacune qui ne le laissait pas en repos.
[...]
Il n'était pas obsédé par les femmes, il était obsédé par ce que chacune d'elles a d'inimaginable, autrement dit, il était obsédé par ce millionième de dissemblable qui distingue une femme des autres.


Ils en parlent :

L'insoutenable légèreté de l'être - Milan Kundera

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